Les deux jumeaux
La foule en délire fêtait ce jour là le solstice d’été, ce jour où le soleil est au plus haut dans le ciel. La musique chargeait l’athmosphére de ses rythmes et de ses sons les plus entrainants. Des troupes de danseurs présentaient leur spectacle. De nombreuses personnes dansaient elles aussi. Sur la grande esplanade, des stars chantaient. C’était un moment de grandes réjouissances.
Les enfants eux aussi avaient leur espace de jeux où d’immenses toboggans s’offraient à leurs glissades. De multiples jeux étaient à leur disposition et ils pouvaient crier et courir dans tous les sens. Ils s’en donnaient à coeur joie. Quelques adultes les surveillaient et les observaient en souriant de voir leur enthousiasme.
Une mère en détresse
Vers la fin d’après-midi, une femme arrivait à l’espace de jeux pour retrouver son fils. Elle fouillait de son regard ce grouillement d’enfants, mais sans parvenir à voir le sien. Elle allait et venait dans tous les sens et elle commençait sérieusement à s’affoler. Rien, son fils n’était pas là…
Malgrè sa panique, elle pensait à prévenir la sécurité. Elle y allait en courant, haletante, terrifiée par l’absence de son fils. Où pouvait-il bien être ? que lui était-il arrivé ? Des tas de questions se bousculaient à toute allure dans sa tête.
Son fils s’appelait Célestin et avait une douzaine d’années. Il était doux, agréable et charmant. Il se montrait généreux, mais aussi assez égocentrique et rêveur. Il était facilement dans la lune, se créant ainsi une bulle qui lui permettait d’oublier tout le reste.
Ce jour là, Célestin était parti à la fête un peu absent, l’esprit mi- rêveur, mi-pensif. Lui, pourtant si remuant et si joueur ! Sa mère l’avait remarqué et se demandait bien pourquoi.
Arrivé sur le terrain de jeu, Célestin était monté tout droit sur le toboggan, et s’était laissé glisser comme à son habitude. Il avait essayé tous les jeux, puis il s’était assis dans un coin, sans bouger pendant un bon moment.
Pourquoi se sentait-il triste ce jour là ? Il l’ignorait et il se laissait aller à ce sentiment étrange qui s’emparait de lui sans qu’il ne puisse rien y faire.
Une petite fille aventureuse
Une petite fille, l’avait remarqué. Elle s’était assise sur une balançoire pour l’observer de loin. Ce garçon blond aux yeux bleus l’attirait, l’intriguait. Elle se demandait pourquoi il avait cet air triste et absent au milieu de tous ces enfants bruyants et agités.
C’était une petite fille assez raisonnable mais rayonnante. Ses yeux brillaient comme des feux de joie. Elle était très souvent souriante et plutôt calme.
Attirée par ce garçon, elle se levait de sa balançoire, quittait les espaces de jeu, et allait jusqu’à lui. Sans se demander pourquoi, elle avait envie de le rencontrer.
Elle s’approchait de lui. Il était toujours dans ses pensées et ne la voyait pas. Elle eut l’idée de se placer devant le soleil de manière à lui faire de l’ombre, pour qu’il la remarque. Curieux, il leva la tête et la vit sans la voir car elle était à contre-jour ! Elle se déplaça un peu et lui lança :
« Hello ! tu viens jouer ?
Il lui répondit en faisant la moue : « Non, j’ai pas envie »
La petite fille le regardait. Elle lui dit : « Tu as l’air triste, comment t’appelles-tu ?
« Celestin »
Elle se mit à sauter de joie et il la regardait très étonné. Elle lui dit alors :
« Je m’appelle Célestine ! »
En l’interrogeant encore, elle découvrit qu’ils avaient tous les deux le même âge.
Elle était très excitée ! Plus que jamais, elle voulait le rencontrer, lui parler, chanter et jouer avec lui.
« Je voudrais te montrer un endroit que j’adore. Je suis sûre que tu ne seras plus triste après. Viens avec moi !
La rencontre des deux enfants
Célestin était un peu choqué. Mais il était aussi curieux et cette petite fille l’intriguait. Il avait envie de découvrir cette étrange fille car il avait l’impression étrange d’une soeur apparue brusquement dans sa vie de fils unique. Il avait un peu peur, mais il la suivit.
Les voilà partis tous les deux. Célestine le tenait par le coup tout en chantant. Quelques minutes plus tard, ils se trouvaient dans un jardin où l’on ne pouvait rentrer que par une petite porte cachée dans un coin. Il fallait la connaitre pour la trouver.
C’était un endroit coloré par des fleurs disséminées partout sur la pelouse. Il y avait aussi des massifs de loin en loin qui répandaient leur parfum. La lumière du soleil d’été arrivait filtrée par de grands arbres majestueux. Une petite fontaine coulait dans un coin où des oiseaux allaient et venaient. On entendait le léger bruit de l’eau et les chants de ces oiseaux qui enchantaient tout le jardin. C’était un petit jardin odorant dessiné par les courbes élégantes des allées fleuries.
Elle l’entraina à courir dans les allées à la poursuite de deux petits chatons qu’ils attrapèrent pour les caresser. Célestin souriait. Il avait l’impression d’être dans un conte de fée. Il avait tout oublié : les jeux, la fête et même ses parents. Il se croyait dans une sorte de paradis avec la soeur dont il avait tant rêvée.
Elle le conduisit près de la fontaine et l’invita à boire de l’eau. Ils s’assirent tous les deux un long moment.
« Tu reviendras ici avec moi lui demanda-t-elle ?
Il lui fit signe que oui. Il souriait, tandis que le soleil les enveloppait d’une lumière chaude et douce.
Quand tout se finit bien pour les deux jumeaux !
Mais, brusquement Célestine pensa à l’aire de jeu de la fête. Du temps avait passé et il se faisait tard. Elle prit sa main, dit au revoir au jardin et l’entraina vers la sortie en sautillant. Malgré son insouciance, Celestin réalisa lui aussi que sa mère le cherchait peut-être…
Ils couraient tous deux en direction de la fête à tel point qu’ils arrivèrent tout essoufflés. Célestin cherchait sa mère du regard. Ils marchaient tous deux en long et en large pour la repérer parmi tous les fêtards qui étaient encore là.
Ils furent remarqués par l’agent de sécurité que sa mère avec contacté. De panique, elle s’était effondrée et avait eu un malaise. Elle récupérait allongé dans la tente qui tenait lieu d’infirmerie.
Lorsqu’elle vit son fils, elle éclata en sanglots et le serra dans ses bras en l’embrassant.
Célestin, confus, lui expliqua sa rencontre avec Célestine. Il avait à ce moment là un autre regard, une autre énergie, et sa mère ressentit la joie qui l’habitait. Elle embrassa Célestine et oublia de gronder son fils.
Ces deux enfants s’étaient réunis au sein d’une fête qu’ils avaient inventée rien que pour eux. Dans un moment qu’ils n’oublieraient jamais, ils étaient devenus deux jumeaux qui allaient voir la vie d’une autre façon.
Une nouvelle Lumière,
plus forte et plus douce que celle du Soleil,
allait maintenant les éclairer.