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Le Tarot de Morine

Le Tarot de Morine

Voici l’histoire d’une petite fille,( tout droit sortie du Tarot !)  qui chaque soir saisissait la main d’un vieil homme caché derrière un grand manteau noir. Elle s’appelait Morine et portait une robe rouge. Ils s’étaient pris d’amitié et malgré la laideur de cet homme, elle se sentait parfaitement en confiance avec lui.

Le Tarot de Morine

Il l’emmenait dans des coins de forêt ou de rivière. Il lui apprenait les noms des fleurs, des plantes et des oiseaux. Elle découvrait ainsi le monde. Sa main dans la sienne, le monde lui apparaissait comme mystérieux et magnifique.

Comment la mort de la nature fait écho en elle

Un jour d’automne, la pluie tombait à verse. Elle sentit l’odeur moisie de la terre mouillée et des feuilles en décomposition. Elle lui demanda ce que devenaient les feuilles rouges et or qu’elle voyait tomber des arbres en virevoltant.

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Il lui répondit qu’elles devenaient de la terre noire qui nourrissait la forêt. Morine resta pensive. Elle se demandait ce que ressentaient ces feuilles multicolores si belles… Pour la première fois, elle s’inquiétait. Elle restait silencieuse.

Le vieil homme comprenait ce qui se passait pour Morine. Il respectait son silence. Des sensations d’intenses souffrances étaient en train de l’envahir. Des sanglots remontaient et lui serraient la gorge et la poitrine. Malgré ses efforts pour retenir ses pleurs, de profondes larmes descendait le long de ses joues roses en dessinant un sillon brun.

Très jeune, Morine avait perdu ses parents et vivait dans une institution stricte et sévère pour orphelins. Cet homme mystérieux l’avait remarquée et avait désiré s’occuper d’elle.

Il avait longuement négocié avec les autorités de l’institution pour pouvoir emmener Morine en promenade, chaque fin d’après-midi, moyennant un timing fermement établi. En échange, il rendait quelques services à l’institution comme du jardinage et du bricolage.

Personne ne connaissait son nom. Il tenait à garder le mystère sur son identité. Il ne se montrait qu’enveloppé dans son grand manteau noir qui masquait à moitié son visage.

A cause de la présence de cet homme, Morine n’avait pas une position facile dans l’établissement. Les autres enfants la rejetaient ou se moquaient d’elle, ce qui aggravait sa souffrance. Elle ne réagissait pas et elle pleurait souvent en cachette. Elle se sentait contrainte de subir sa situation en se croyant impuissante et totalement démunie.

C’était une enfant craintive qui refoulait sa rage, son dégout et son ressentiment. Cela ne faisait qu’augmenter sa confusion. Elle était partout mal à l’aise, bloquée et hésitante.

Morine dans la tourmente

Depuis qu’elle connaissait cet homme, elle se sentait moins seule. Quelque chose d’indéfinissable se passait en elle. Depuis presque toujours dépouillée de tout, quelqu’un était là pour elle. Cette présence la rassurait.

C’est ainsi que ce jour là, de profondes douleurs remontaient à sa conscience. Elle avait l’impression que son coeur éclatait dans sa poitrine.

L’homme au manteau noir la prit dans ses bras en l’encourageant doucement à pleurer sa peine. Au bout d’un moment, elle parvint à se laisser aller à de profonds sanglots qui secouaient tout son corps. Ce dernier était chétif et avait du mal à laisser passer ces flots torrentiels de douleur. Mais elle sentait qu’elle pouvait s’appuyer sur sa présence.

Il l’avait allongée sur un tapis de mousse et restait là près d’elle accompagnant de sa bonté ses longs sanglots. Après un long moment, elle ouvrit les yeux et se sentit différente. Elle était comme soulagée d’une très lourde peine.

En rentrant le soir à l’institution, elle se sentait moins lourde, plus calme, plus tranquille. Elle respirait un peu plus profondément. La vie semblait lui apparaitre sous un jour nouveau.

Durant cette nuit là, elle fit un rêve qui l’impressionna, mais qu’elle trouva en même temps merveilleux. En marchant dans la forêt, comme elle le faisait tous les jours, un drôle de squelette lui apparut muni d’une faux, et allant à sa

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rencontre sur un chemin sombre. Ce personnage l’emmenait sans qu’elle en soit effrayée, vers une gigantesque cascade d’eau déferlant d’une montagne. Il lui demandait de contempler cette eau torrentielle et ruisselante. Elle sentait cette présence comme amicale, un peu comme celle de l’homme en noir qui l’accompagnait chaque jour.

Ils restèrent un long moment devant cette cascade et peu à peu, elle se sentait de plus en plus légère et calme.

Ce rêve lui permit de comprendre que ses larmes de la veille avaient été bénéfiques. Elle croyait jusque là qu’elle ne devait pas pleurer comme elle l’avait appris dans l’institution. Même si elle ne comprenait pas pourquoi, elle savait que désormais elle saurait accueillir ses larmes ou ses sanglots, ses cris ou ses frayeurs lorsqu’ils viendraient la visiter.

Morine grandit ainsi, en écoutant sa peine ou sa joie et en se laissant traverser par ses émotions. A chaque fois, il lui semblait se libérer de chaines qui la retenaient prisonnière de son passé d’abandon et de rejet.

Ce que devient Morine

Elle devint une très belle jeune fille, élancée, fine et souriante. Elle avait de la prestance et un beau port de tête. Son vécu d’orpheline l’avait renforcée et murie.

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Elle s’était réconcilié avec ses émotions qui étaient devenues pour elle de douces vagues de vie.

Cet homme qui l’avait accompagné avait disparu de sa vie. Mais il était toujours là, présent au plus profond de son coeur. Elle sentait encore la douceur de ses mains ridées et de sa présence aimante. Il lui avait appris à traverser des passages pleins d’émotions douloureuses. Sans rien dire, il lui avait enseigné la puissance et le pouvoir immense des émotions. Le vécu de ses émotions parfois très violentes l’avaient libérée des chaines qui l’attachaient à ses souffrances passées. Elle savait que la vague d’émotions passée l’allégeait. Elle pouvait enfin aimer la vie.

Au moment de choisir sa voie, elle voulut transmettre à son tour et enseigner ce que ce vieil homme lui avait appris. Il l’avait fait dans le silence de sa présence chaleureuse. Elle allait le faire cette fois avec ses mots à elle. Ses mots étaient habités et vibrants. Ils s’adaptaient aux personnes qui l’écoutaient.

C’est ainsi que grâce à elle, on en vint à considérer autrement les émotions

de peur, de désespoir, de colère, de détresse, d’accablement…

Au lieu de leur imposer un contrôle,

on en vint à les saluer, à les honorer,

en laissant le corps les traverser

sans chercher d’explications particulières.

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Cet article a 3 commentaires

  1. Arama

    Bonjour Hélène je suis très content des échanges qui forment l’homme au quotidien.Je vous souhaite une bonne journée.

    Emile Arama

    1. Hélène

      Merci Emile ! et bonne journée à vous !

    2. Hélène

      Merci Arama !

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