Une histoire de Papesse
La Papesse avait été une femme puissante. C’était une très belle femme qui était considérée par tous comme une redoutable et magnifique Magicienne. Elle était capable de percevoir les messages des êtres invisibles et d’opérer des miracles pour les gens qui venaient la voir.
Un jour, elle enfanta d’un fils, un beau bébé plein de vie. Peu après lui avoir donné le jour, elle tomba malade et elle dû rester au lit. Son visage était devenu très pâle et inquiétait par sa blancheur. Malgré leurs nombreux examens, les médecins ne comprenaient pas ce qui se passait et La Papesse semblait dépérir de jour en jour.
Pendant ce temps, son enfant Le Bateleur grandissait grâce aux soins d’une nourrice.
Cependant sa mère lui manquait terriblement. Il restait de longs moments seul sur son lit sans rien faire et sans rien dire, la tête baissée, alors qu’il était par nature un enfant remuant et turbulent.
Il fallait absolument que La Papesse se remette de sa longue maladie. Sinon son fils ne grandirait pas dans l’amour de la vie. Il dépérirait lui aussi. Il se refermerait et deviendrait peut-être malade à son tour de tristesse, de chagrin et de désespoir.
La Papesse en avait conscience. Elle avait pu par le passé guérir beaucoup de gens grâce à ses pouvoirs magiques, mais elle n’arrivait pas à se guérir elle-même. Un mal qu’elle ne comprenait pas la rongeait. Elle entreprit alors d’aller profondément en elle-même pour prendre conscience de ce qui malmenait ainsi son corps.
Elle appela auprès d’elle L’Hermite, un vieil homme plein de sagesse, pour l’accompagner dans son voyage intérieur. C’était un homme à la fois solide et sensible, profondément lumineux et bon. Il s’approcha de son lit et resta là, immobile en l’éclairant de sa lanterne. Il restait très attentif, à l’écoute de cette femme et il la veillait de sa présence discrète et lumineuse. La Papesse se sentait réconfortée. Peu à peu elle reprenait des forces. Elle sentait qu’une énergie infiniment douce pénétrait dans toutes les cellules de son corps. Une sorte d’étonnement l’habitait et maintenait ses yeux ouverts.
Cependant, elle n’arrivait toujours pas à se lever. C’était comme si son corps pesait une tonne ! L’Hermite s’éclipsa, au grand désespoir de La Papesse. Elle ne pouvait toujours pas bouger. Ce départ déclencha chez elle des larmes de profonde détresse, puis des sanglots qui en réalité, étaient retenus depuis très longtemps.
Pendant qu’elle pleurait, elle aperçut par l’encadrement de la fenêtre, la lune qui se levait. La lune était magnifique, impressionnante, et habillée d’une splendide couleur orange.
Ainsi la Lune venait lui rendre visite ! Ses larmes l’avaient peut-être appelée ? Cette vision l’apaisait. Elle entendit des chiens hurler à la lune, et il lui semblait que ces hurlements sortaient de son corps, de son coeur, de ses tripes… Elle comprit alors que le désespoir habitait son corps depuis très longtemps. Les questions qu’elle s’était posées étaient restées sans réponse :
- quelle était cette nostalgie qu’elle sentait en elle ?
- “pourquoi était-elle ici sur cette terre ?
- comment trouver le sens de cette vie ?
- que devait-elle faire ici ?
- d’où venait-elle ?
Spontanément, elle posa ses questions à la lune. Elle attendit les réponses, mais il n’y avait que le silence, le silence de la nuit.
Elle ne quittait pas la lune des yeux. Elle était comme hypnotisée. Ce silence qui s’intallait en elle devenait très paisible, serein et presque majestueux. Elle devenait “écoute”. Il lui semblait que son corps faisait écho à la vie. La paix qui l’enveloppait venait faire cesser toutes ses questions parce qu’elle se sentait vibrer comme un instrument de musique.
Plusieurs jours plus tard, c’est tout naturellement que La Papesse sortit de son lit. Elle repensait à L’Hermite et à la Lune qui l’avaient nourrie d’une présence impossible à décrire. C’est chargée de
cette sensation de vie intense et de calme profond qu’elle prit son fils dans ses bras.
Le Bateleur se réchauffait peu à peu auprès de sa mère. A son tour, il réapprenait à vivre, à jouer, à chanter. Il pouvait respirer à nouveau car il se sentait soutenu, protégé, et profondément aimé. Même lorsque sa mère restait là immobile, il sentait à quel point elle était vivante à l’intérieur. C’était une joie de les voir tous les deux enfin réunis.
La Papesse méditait souvent sur cette maladie qui lui avait appris à sentir la vie en elle. Son corps lui était devenu très précieux. Il lui parlait par toutes les sensations qu’elle ressentait. Il était devenu un livre de Connaissance, un livre tellement immense qu’une bibliothèque entière n’aurait pu contenir tous ses enseignements.
Cette histoire est imaginée. La photo d’Amma “à la une” n’a rien à voir, mais elle est là parce que cette femme m’apparait comme une sublime Papesse…
oui! AMMA est pour moi une papesse que j’ai souvent cité dans mes cours ou consultations pour expliciter cette dimension spirituelle de l’arcane, je dois dire que votre histoire singulière à la saveur d’un conte ou d’une fable et qui pourrais se rapprocher de la légende de la papesse jeanne en Avignon , qui a pu être dévoilée par un accouchement soudain , et donc de voir qu’il s’agissait d’une femme à la tête de la papauté: autrement dis d’une filiation de sagesse du coté des femmes. longtemps occulter dans l’occident judéo-chrétien sauf dans les images “sages”du tarot.
Je ne connaissais pas cette histoire de Papesse et d’accouchement ! J’ai laissé venir ce qui me venait à l’esprit. Merci Gilles de ces précisions. Quant à Amma, elle rayonne vraiment d’un amour inconditionnel et de joie profonde !