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L’ « homme au chariot »

UN CONTE AUTOUR DU CHARIOT DU TAROT

C’était une journée d’automne où le soleil encore chaud éclairait tout le long du chemin, les feuillages dorés, bruns et rouges. Je marchais tranquillement en rentrant d’une journée de travail, charmée par la nature que je trouvais si majestueuse.

Où je suis témoin d’un accident 

Soudain, j’assistais à un terrible accident de voiture. Un chariot tirée par deux chevaux fut brutalement renversé par une voiture qui, allait imprudemment à toute vitesse. Les chevaux hurlaient et se cabraient, terrifiés par le choc qu’ils venaient de subir.

L’homme qui conduisait ce chariot était allongé sur la route, sans connaissance. Je m’approchais pour voir ce que je pouvais faire et pour prévenir les secours. Plusieurs personnes se joignèrent à moi. Nous nous sentions impuissants devant ce jeune homme inanimé en espérant qu’il ne soit pas gravement blessé.

Enfin, les secours arrivaient : une ambulance précédait de peu la police. Je fus interpellée comme témoin, ainsi que le petit groupe de personnes qui se trouvaient là.

L’une des personnes que je n’avais pas encore vue était en pleurs. Il s’agissait de la mère de ce jeune homme accidenté. C’était une femme un peu forte, très expansive, qui parlait beaucoup. Elle se mit à raconter des tas d’anecdotes sur son fils en agitant ses bras dans tous les sens et elle n’arrêtait pas de se lamenter :

– » ah, cet enfant a toujours été difficile !

– » Il m’en fera voir de toutes les couleur sûrement encore longtemps !

–  » je n’ai pas su m’y prendre avec lui : il était toujours rebelle !

L’histoire de « l’homme au chariot »

C’est ainsi que je connus l’histoire de ce jeune que j’appellais l’homme-au-chariot. Je sentais que sa mère avait besoin de parler, de s’épancher. Je décidais alors de prendre le temps de l’écouter.

Il avait été un bébé très agité qui pleurait beaucoup . Sa mère le prenait souvent dans ses bras, mais parfois de découragement, elle le laissait crier, ne sachant pas quoi faire.

Il s’était mis à marcher très vite, et comme beaucoup de garçons, il avait tardé à parler, à tel point que ses parents s’étaient inquiété. Il aimait escalader, grimper dans les arbres et se laisser glisser à tout allure sur la rampe d’escalier. Il bougeait tout le temps et s’échappait sans cesse à tel point qu’il était difficile pour sa mère de lui faire les calins qu’elle aurait adorés. Il était assez secret et parlait peu.

Dès l’adolescence, il s’était intéressé aux voitures. Il s’imaginait conduire toutes sortes de voitures et dès que ce fut possible, il passa son permis. Il appris aussi à conduire les chevaux et à les monter. Il était fou des randonnées, seul à cheval dans les collines boisées. Tantôt, il marchait au pas, tantôt au trot. Dès qu’il voyait une prairie, il lançait son cheval au galop, grisé par la vitesse et par le vent qui lui fouettait le visage.

Le jour de l’accident, un ami lui avait prété son chariot tirée par deux chevaux. Il le trouvait magnifique, avec ses couleurs rouge et jaune, son dais couleur bleue nuit et son blason doré. Cela faisait longtemps qu’il le harcelait pour le conduire.

Son ami cèda ce jour là… « L’homme au chariot » comme je l’appelais, était très fier de le conduire, mais aussi assez mal-habile. Il n’avait pas l’habitude de ce genre de véhicule et il manquait de maitrise. En plus, c’était la pleine lune et les animaux étaient particulièrement énervés et impulsifs.

Il se retrouvait donc à l’hôpital. Il avait les côtes cassées ce qui était très douloureux mais pas trop grave. Cependant, le fait de devoir rester immobilisé était très pénible pour lui qui éprouvait sans cesse le besoin de bouger, de se mettre en mouvement, de voyager…

L’angoisse de « l’homme au chariot » 

Cet accident l’obligeait pourtant à rester tranquille. Au début, son esprit s’agitait dans tous les sens. Une fois sa colère passée, c’est l’anxiété qui le gagnait de plus en plus, accentuée par sa faible respiration qu’il était obligé de retenir. Le moindre mouvement lui arrachait des gémissements de douleur.

Les questions sur la vie, sur la mort, sur le sens de tout ça, l’envahissaient maintenant. C’était bien la première fois qu’il se posait tant de questions. Se sentant si à l’étroit dans son corps, souffrant du moindre souffle, il lui semblait parfois que sa tête allait éclater avec des questions pour lesquelles il n’avait aucune réponse. Il se sentait angoissé.

Il arrivait péniblement à se soulever pour passer de son lit au canapé, puis du canapé à un fauteuil confortable. C’était là les seuls changements qu’il pouvait trouver pendant cette période qui durait beaucoup trop à son goût.

Son ami passait de temps en temps le voir. Il ne savait quoi faire pour le sortir de ce qu’il pensait être une dépression. Alors qu’ il se demandait ce qu’il pourrait bien faire, il pensa à une femme, Justine, qu’il avait connue. Il l’avait apprécié pour son côté « casch » et pour l’influence bénéfique qu’elle avait eu sur lui. C’était une femme exigeante, mais généreuse, ferme mais aimante. Elle allait au fond des choses. Peut-être l’aiderait-elle ?

Il n’en dit rien à son ami qui souffrait toujours de ses côtes brisées, et il chercha un moyen de la contacter.

Ce que Justine lui fait découvrir

Justine était prête à venir voir « l’homme-au-Chariot ». Justement ! elle éprouvait à ce moment là, l’envie de rencontrer des personnes nouvelles. Elle se mit donc en route, calme et sereine comme à son habitude. C’était une femme grande, élégante et charismatique. Elle avait de la prestance et une autorité naturelle.

Lorsque Justine s’approcha de « l’homme-au-Chariot », ce dernier fut impressionné par la gravité joyeuse de cette femme. Elle le regardait droit dans les yeux avec un mélange de séduction et de réserve. Lui qui avait toujours été intrépide et enthousiaste se trouvait soudain très intimidé.

Malgré tout, il lui raconta son histoire d’accident. Justine voyait bien à quel point il était perturbé, anxieux, intérieurement agité. Elle l’écoutait attentivement. Lorsqu’il eut finit son récit, elle lui demanda :

– « comment te sentais-tu juste avant ton accident ? »

Il lui dit qu’il se sentait très excité et très fier de conduire cette voiture à chevaux. Il en avait longtemps rêvé et il se sentait alors plein d’énergie, d’audace et de fougue.

Elle lui répondit tranquillement :

– « c’est bien pour ça que tu as eu cet accident »

Il haussa les sourcils, très étonné, choqué même. Il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas du tout ce qu’elle voulait dire.

Elle sortit de son sac, la petite balance qui ne la quittait pas. C’était pour elle, le rappel tangible de sa détermination à veiller sur son propre équilibre. En tenant sa balance d’une main, elle lui montra comment les plateaux gardaient leur fragile équilibre. Ils étaient constamment en mouvement, mais sans jamais sortir d’une ligne horizontale. Elle était toujours fascinée par cet équilibre qui lui faisait penser à celui d’un fildeferriste tenant son balancier pour avancer sans tomber.

Elle lui expliqua que si l’un des plateaux s’élevait vers le haut, la balance se trouvait immédiatement en déséquilibre. Il fallait alors appuyer – à l’aide d’une juste poussée – sur l’autre plateau afin de les remettre en équilibre.

Comme il ne comprenait toujours pas, elle lui dit :

« Lorsque tu fais quelque chose avec une énergie émotionnelle excessive : téméraire, frénétique, trop audacieuse, tu te laisses emporter par ta flamme et tu sorts de toi-même, de ton centre. Tu perds alors ton propre équilibre énergétique. Il s’ensuit un évènement qui va obligatoirement recréer un équilibre. D’un mouvement excessif et frénétique, la vie t’a ramener à une immobilité. C’est en quelque sorte une énergie compensatoire. »

Les yeux de « l’homme au Chariot » étaient pensifs. Il resta un moment en silence, comme s’il digérait les mots de Justine.

La métamorphose de « l’homme au chariot » 

Elle le regardait avec bonté et patience. La vie lui avait durement appris cette notion d’équilibre. Elle connaissait maintenant les conséquences de trop de passion, de trop d’emballement. Ses émotions bouillonnantes s’étaient converties en une sensibilité subtile et délicate grâce à laquelle, elle goûtait aujourd’hui la saveur de la vie avec délice. La moindre nuance enrichissait le tableau que sa vie lui offrait.

La seule présence de Justine lui permetttait de sentir ce qu’elle venait de lui enseigner. Il se sentait plus calme et presque capable d’accepter cet accident. Il se dit qu’il allait approfondir sa réflexion et apprendre à se connaitre. Il pensait que ses chevaux l’aideraient à trouver cet équilibre.

C’est ainsi que la perception du monde et de la vie se modifiait en profondeur. Le lien qu’il pouvait faire entre le choc subi par son corps et sa nouvelle compréhension d’un équilibre qu’il méprisait, lui permit de mûrir. Il était maintenent décidé à acquérir la maitrise de ses pulsions émotionnelles et instinctives, en même temps que la maitrise des chevaux de sa voiture.

Il est devenu un homme à belle allure,

dégageant à la fois de la puissance et de la douceur.

Il sait ce qu’il veut, mais il sait aussi garder attentivement

l’équilibre de sa force d’homme.

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Cet article a 4 commentaires

  1. edward

    Je me reconnais pleinement dans cette histoire, où comme l’homme au chariot, je paie un déséquilibre émotionnel.
    Merci pour ces illustrations vivantes du Tarot de Marseille.

    1. Hélène

      Merci Edward pour votre partage !

  2. Sylvie SAFI NAZLOU

    C’est toujours un réel plaisir que de vous lire.
    Un grand merci une fois encore pour ce partage.
    Sylvie

    1. Hélène

      Merci beaucoup Sylvie ! vous m’encouragez pour cette entreprise pas toujours facile pour moi !

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